Petit vase-urne en Blue-John, argent et porphyre

XIX ème siècle

Très beau et petit vase-urne en fluorite améthystée aussi appelée « Blue-John » ou « Spath fluor » .

Piédouches, sommets et anses en argent très finement ciselé. Les anses représentent un enroulement de feuilles d’acanthe, longeant l’urne. Le sommet est significatif d’une pomme de pin reposant sur une terrasse feuillagée. Le piedouche quant à lui est relié aux anses par des feuilles d’acanthes ciselées et repose sur une guirlande de feuilles d’acanthes également en argent ciselé.

Ce vase est positionné sur une double base carré, l’une en argent, la plus imposante en porphyre, ce qui souligne d’autant plus l’attribution à Matthew Boulton.

La belle couleur de ce blue-john varie avec une majorité de ton jaune-ocre vers une minorité de ton violets. Nous pouvons toujours remarquer des effets cristallins dans cette très belle pierre semi-précieuse.

Très beau travail du début du XIXe siècle attribué à Matthew Bolton de par la qualité de la pierre sublimant le minutieux et splendide travail de l’argent ainsi que l’emploi du porphyre.

Restauration d’usage, petites réparations et éclats

MATTHEW BOULTON (1728-1809)

Fils d’un artisan de petits objets métalliques, Matthew Boulton reprend l’entreprise de son père en 1759. En 1762, il s’associe avec John Fothergill et fait construire une manufacture plus importante à Soho, au nord de Birmingham, centre d’industrie et d’inventions révolutionnaires surnommé “l’atelier du monde”. Il diversifie ses techniques et développe la production de plats en argent, d’objets décoratifs et la dorure au mercure. Il décide par la suite de moderniser son entreprise et entreprend de varier une nouvelle fois ses créations. Vient alors la réalisation de monnaie et de vases en faïence et bronze doré.

Leur travail, très minutieusement réalisé, est extrêmement réputé auprès de l’aristocratie européenne. L’impératrice Catherine II de Russie acquis un nombre important et divers de leurs oeuvres ainsi que la Reine Charlotte, épouse du Roi Georges III, qui fut séduite par plusieurs vases. D’autres ont estimé la beauté de cet artiste comme les Ducs de Coventry, de Montague et de Malborought qui sont à ce moment là les trois plus grands collectionneurs d’art de Grande Bretagne.

Pour concurrencer la production française de l’époque, dont les vases sont particulièrement à la mode, il s’inspire des objets et formes antiques. La production sur faïence fut malheureusement de courte durée compte tenu de la fragilité de la faïence qui ne pouvait supporter le bronze doré. Il décide alors de remplacer la faïence par du marbre ou de la porphyre dont la couleur éclatante pourpre fait ressortir la beauté du bronze doré au mercure.

Il ferme son entreprise en 1782 et entreprend de s’associé à l’ingénieur écossais James Watt, avec lequel il développe la production de la première machine à vapeur.

Homme de talent tant dans la production d’objets en bronze que dans le développement industriel, Matthew Boulton fut un tournant considérable pour la Grande Bretagne. Depuis 2011, les deux collaborateurs (Watt et Boulton) embellissent d’ailleurs le billet de cinquante Livres Sterling. Un musée fut également érigé à sa mémoire dans son ancienne maison de Birmingham, la Soho House. Restauré, ce musée propose aujourd’hui une collection diverse de ses productions artistiques et industrielles.

Outre le Soho House Museum, plusieurs oeuvres de ce bronzier sont exposées dans de très importants musées, comme le British Museum de Londres qui propose beaucoup de pièces et quelques objets (photo ci-après) ou encore,

Le Métropolitan Museum of Art de New-York qui donne à contempler des dizaines de ses oeuvres, dont certaines, dans le style de notre garniture, permet de constater de toute la magnificence de sa technique.

Le Victoria and Albert Museum à Londres expose également des oeuvres de Boulton; que ce soit des théières et des chandeliers en argent, ou encore des sceaux à glace et des candélabres finement sculptés en bronze doré et fluorine.

Ce bronzier est aujourd’hui très réputé et beaucoup se plaisent à acquérir l’une de ses magnifiques productions.

Exemples d’oeuvre exposées au Metropolitan Museum of Art, New-York

En 2012 et 2013 La maison de Vente Christie’s à Londres a adjugé plusieurs lots de Boulton.

Ainsi, une paire de pots pourri (en bronze doré et marbre blanc) ont été adjugés pour la somme de 160 160 euros

Une paire de brûle-parfum (en métal et marbre blanc) ont, quant à eux, été adjugé à 89 370 euros

et une paire de candélabres en blue-john attribué à Boulton

La rareté des objets en Blue-John :

L’histoire des vases en Blue-John du XVIII et XIXe siècle est un sujet des plus fascinants.

Bien que la fluorite soit un matériau assez commun et exploité partout dans le monde, il est important de différencier la variété Blue-John qui ne provient que d’un seul gisement, près de Castleton, dans le Derbyshire, en Angleterre.

C’est Matthew Boulton, qui, à partir de 1767, relance la fabrication des objets en Blue-John.

Afin de concurrencer l’art français particulièrement apprécié et réalisant que la faïence était trop fragile, il se tourne vers une pierre semi-précieuse « le spath ».

Le Blue-John est la seule variété de fluorite à avoir des qualités assez importantes pour l’attribuer à la catégorie de gemmes précieuses. Sa rareté et les couleurs quelle présente en fait une pierre très recherchée encore de nos jours. De par la fragilité de la gemme, les quelques objets qui sont arrivés jusqu’à nous sont ainsi prisés des plus grands collectionneurs.

Au XVIIIe et XIXe siècle, Matthew Boulton se positionne comme le plus important acheteur de Blue-John (environ 14 tonnes) et façonne des objets tels des urnes, vases, chandeliers, candélabres ou horloges, en Blue-John et « ormolu ».

Cette pierre rare et prestigieuse attire l’attention de la Royauté et de la noblesse. Il exécute ainsi de grandes commandes pour l’Angleterre, mais également pour la France et la Russie. C’est par sa production (et les pièces de Robert Adam) que la mode et le prestige de Blue-John est lancé.

La magnifique complexité des bandes de couleurs bleues, violettes et jaunes en a romantiquement façonnée son nom. Les français très épris de ces objets, les distinguaient par ses couleurs « bleu-jaune » qui, dans un accent plus anglais s’entendait « blue-john »

Les vases en Blue-John de cette période sont célèbres pour leur élégance et leur complexité. La pierre taillée et polie avec soin, révèle des motifs naturels incroyablement beaux, ajoutant une dimensions unique à chaque pièce.

Le Blue-John a émerveillé plus d’un art. En plus de sa valeur artistique propre à la condition de pierre semi-précieuse, il inspire les réflexions poétiques se symbolisant ainsi dans la poésie comme une beauté rare, éphémère et à caractère unique, définissant la particularité de chaque individu telle qu’elle distingue chaque vase de Blue-John ; La beauté de la nature, l’élégance de l’artisanat humain et l’individualité de chaque pierre créant des motifs uniques et captivants sur chaque vase.

Ces vases ne sont pas seulement des objets décoratifs mais témoignent également de la grandeur de l’Angleterre victorienne et de l’habileté des artisans de l’époque de façonner cette pierre si fragile.

Les couleurs semblent danser et prendre vie à l’intérieur même de chaque pièce. L’éclat de chaque couleur s’exprime en silence par le scintillement d’une beauté parfaite et éphémère, capturée dans le temps et délicatement sculpté par des maitres. Un trésor à nuances violettes qui s’harmonise parfaitement à la richesse doré du bronze finement ciselé.

Aujourd’hui seule la mine de Blue-John à Treak Cliff, en Angleterre, est encore exploitée. Les pièces anciennes sont toujours très recherchées

Prestige et qualité de la pierre font de ces objets des pièces rares de musées et de collection.

Ainsi, plusieurs œuvres sont exposées dans des Musées tels que le musée d’Histoire naturelle de Londres, le Musée Buxton, le Château de Warwick, la Chatsworth House, également au Vatican et dans d’autres musées mondiaux

Exemples de pièces vendues :

De belles pièces ont ainsi été vendues à des collectionneurs comme en 2004 à Paris, estimé pour 75 000 euros et vendue 90 249 euros une paire de félins.

En 2005, Chez Sotheby’s de New-York, une paire de brule-parfum pour 12 000 $

En 2015, à Londres, une urne de petite taille vendue pour 21 000 £

Plus récemment en 2020 et 2021, vendu à Paris, respectivement pour 14 720 euros une paire de vases en Blue-John attribuée à Matthew Boulton de hauteur similaire aux notre (19 cm),

et 14 168 euros un vase seul, en Blue-John, hauteur 45,5 cm.

Ou encore une paire de vases Brûle-parfums d’époque Georges III et ayant appartenu à Sir Nicholas Goodison, vendue par Christie’s à Londres en 2022 et estimée entre 180 000 et 300 000 euros